Bilan de trois mois de ménopause chimique (sous Décapeptyl) : témoignage et conseils
Je vais parler ici de mes trois mois sous Décapeptyl enfin presque puisque ça fera 3 mois dans quelques jours.
Dans quel but ?
Informer les personnes qui sont amenées à connaitre une période de ménopause chimique. Pas
pour faire peur. Juste pour prévenir et vous donner mes conseils, vous faire
part de mon expérience, vous permettre d’anticiper. Je considère n’avoir pas été assez informée des effets secondaires potentiels. Et
j’espère donc que des endogirls pourront le lire avant l’injection. Évidemment
chaque corps réagit différemment. Peut-être que d’autre l’auront très bien
vécue ou auront eu des effets secondaires différents. Je ne suis pas là pour vous dire d’accepter ou non de recevoir cette
injection. C’est pas du tout le but ici. Je respecte celles qui l’accepte tout
comme celles qui la refuse.
Pourquoi la ménopause chimique ?
Je vais aller très vite là-dessus car ce n’est pas le
but de l’article. Quand tu as l’endométriose tu peux avoir droit à plusieurs
mois de ménopause artificielle. C’est à dire que l'on injecte un produit qui
met en veille ton corps durant plusieurs mois. Le Décapeptyl, de son petit nom,
est une belle saloperie, on ne va pas se mentir. Cette pratique est pas mal
décriée, car elle entraîne énormément d’effets secondaires et peut avoir des
conséquences irrémédiables sur le long terme (perte de masse osseuse par
exemple). Je ne vais pas rentrer dans ce débat-là. Dans mon cas, cette
ménopause m’a été prescrite 3 mois avant une opération dans le but de faciliter
la vie du chirurgien (ça “nettoierait ” un peu le ventre).
Je mets
tout ça au conditionnel parce que je ne suis pas médecin et j’y connais
sincèrement pas grand chose. Mes lectures ne m’ont pas permises de me faire un
avis sur l’utilité ou non de cette procédure. J’ai appris à me méfier des
traitements qu’on nous donne cependant je fais totalement confiance à mon
chirurgien si il me dit que ça facilite son job pendant l'opération.
Ça m’a fait quoi ? Les effets secondaires que j’ai
connu et mes conseils pour mieux les vivre
1- La douleur
Le chirurgien m’avait prévenue : une injection peut
provoquer une grosse montée de douleurs (à l’utérus et aux ovaires) au départ
puis une accalmie. Je vais être honnête avec vous, j’ai pris ça à la légère. Je
me suis dit “oh c’est bon mon gars, j’ai
l'endométriose, les douleurs ça me connait” Et bah NON. Trois jours après
l’injection, j’ai connu des douleurs atroces. Indescriptibles et pas du tout comparables à une crise "classique" d'endo. Ça a duré 3
semaines. Durant cette période je ne suis presque pas sortie et
surtout j’ai dû principalement habiter chez mon compagnon car incapable de
faire des taches de la vie quotidienne.
Mes conseils
>Entourez-vous si vous le pouvez pour que quelqu'un vous aide à gérer les trucs de la vie quotidienne au départ.
>Demandez un arrêt de travail pour le début de la
ménopause chimique si vous en avez la possibilité
>Ne pas hésiter à prendre des anti douleurs. Je sais
ça fait peur mais comme me l’ont dit de nombreux médecins : plus on prend sur
soi, plus notre échelle de la douleur est déréglée et plus on risque de devoir
prendre d’énormes doses quand ça deviendra insoutenable (et donc de faire face aux addictions). Entourez-vous d’un
médecin qui s’y connaissent en gestion de la douleur et qui pourra vous prescrire
le médicament et la dose qui vous correspond le mieux.
2-La dépression
J’écris cet article principalement pour vous parler de cet effet
secondaire. J’ai depuis toujours une tendance dépressive. Mais j’ai aussi
toujours été du genre à chouiner
un bon coup face à un coup dur et à repartir regonflée à bloc. La ménopause
artificielle a eu chez moi une grosse incidence sur mon humeur. Émotive,
dépressive, sans aucune joie de vivre, aucune niaque. C’est simple ça fait 3
mois que j’ai l’impression qu’une autre personne a pris possession de moi et
m’a transformée en drama
queen.
Trois mois que j’assiste à des sautes d‘humeurs, des vexations, des déprimes
qui ne sont pas les miennes. Trois mois avec l’impression que je ne vais jamais
en voir le bout et récupérer mon vrai moi.
On me n’avait pas vraiment prévenu et je pense
que c’est une faute de la part de mon chirurgien. Il avait dit que je serais un
peu irritable. C’est peut-être ce qui arrive quand on a une bonne santé mentale.
Hors beaucoup d’entre nous (et surtout chez les malades chroniques) n’ont pas
cette chance et luttent toute leur vie pour ne pas sombrer. Dans ce cas-là, l’injection
d’une substance telle que le Décapeptyl peut être dangereuse si on n’est pas
entouré.
J’ai eu la chance de tomber sur un généraliste top qui
a compris qu’il me fallait une aide. Je vais vous le citer : “Il faut que vous compreniez que ce
traitement est lourd et change complètement votre manière d’être. Ce n’est en
rien votre faute. Vous avez besoin d’une aide chimique. Ce n’est pas une honte.
Ce n’est pas un signe d’échec. Vous lutter contre quelque chose de plus fort
que vous”. Il m’a prescrit une petite dose d’anxiolytiques qui m’a vraiment
aidée à affronter tout ça. Alors attention, je ne dis pas que je suis devenue
soudainement joyeuse et heureuse. Je me suis juste sentie plus d’attaque pour
affronter les dures journées pleines d’effets secondaires. J’ai arrêté d’être
prostrée sur mon canapé et j’ai essayé de faire des petits trucs de mes
journées.
Mes conseils
>En parler à votre médecin si vous avez déjà une
tendance dépressive et ce avant même de savoir si vous aller subir cet effet secondaire.
>Ne pas avoir honte : comme dit mon généraliste :”Vous
luttez contre quelque chose de plus fort que vous”. Demandez de l’aide. Parlez
à vos proches.
3-Les insomnies
Trois jours après l’injection j’ai commencé à avoir
des difficultés à dormir. Bon alors
attention je ne suis probablement pas un exemple car depuis toujours je dors
peu et mal. C'est pas tous les jours mais au moins deux à trois fois par semaine. Je suis fatiguée, détendue, dans mon lit et …non le sommeil ne vient
pas. Ou alors il vient vers 5h du matin, parfois encore plus tard.
Mon conseil
>Si vous ne travaillez pas ou que vous n’avez pas
d’enfants dans les pattes : faites des siestes et aller vous coucher dès que
vous sentez un signe de fatigue. Même s’il est 19h et qu’on se fout de votre
gueule parce que "ahaha tu va te coucher aux mêmes heures qu'une petite vieille" bah oui c'est bien connu, c'est très drôle la fatigue chronique. C’est votre sommeil qui compte.
4-Les bouffées de chaleur
Hasard du calendrier, j’ai commencé ma ménopause au moment de l’arrivée des
fortes chaleurs. Je suis curieuse de savoir comment je l’aurait vécu en plein
hiver mais je vais m’en passer 😉 J’ai toujours sous-estimé ce que c’était.
C’est le symptôme classique de ménopause dont personne ne parle trop. C’est
ATROCE ! Et je n’arrive pas à croire que tant de femmes passent par là et
que l’on l’évoque si peu. Cette période m’aura au moins permis d’avoir
énormément de compassion pour les femmes qui sont en pleine ménopause « naturelle ».
Je vais faire court : une vague de chaleur, de la transpiration (beaucoup
de transpiration), des vertiges, l’impression qu’on va mourir/vomir/s’évanouir
pendant 30 secondes. Et puis ça passe, aussi vite que c’est venu. Ce n’est pas
très grave mais c’est violent.
J’ai aussi eu brièvement la version contraire : chair de poule et pull
en laine en pleine canicule dans le sud de la France. Bon ça c’était plus
rigolo qu’autre chose. Pourvoir dire aux gens qui se plaignent des 38°C que toi
hier t’étais sous ta couette avec un pull, ça n’a pas de prix.
5-Les jambes lourdes et les douleurs musculaires
Au début j’ai comparé ça au syndrome des jambes sans repos : des
douleurs dans les cuisses et les mollets, des fourmillements, une impatience dans les jambes. Rien à faire.
Surtout lors des grosses chaleurs de cet été. Sincèrement je ne pense pas que ce
soit un effet secondaire très commun. J’ai de base une mauvaise
circulation dans les jambes et nous avons connu un été particulièrement chaud…mon corps a peut être un peu lâché entre fatigue et ménopause.
Mes conseils
>Les auto massages, les gels jambes lourdes, les huiles
essentielles, dormir les jambes relevées. Ce n’est pas miraculeux mais ça aide
un peu.
6- Mes effets secondaires un peu futiles ou très passagers
>Les seins qui grossissent un peu C’est léger hein ? Vous attendez pas pas avoir la poitrine de Monica Belluci si vous avez de base celle de Jane Birkin
>Les nausées : Deux semaines sans pouvoir
presque rien manger peu après l’injection. 4,5 kg en moins, repris très vite.
Ça me reprend parfois quelques heures de temps en temps mais sincèrement ça n’a
pas été la chose la plus insupportable.
>Les ongles : Je n’avais pas fait le rapport au
début mais je pense que c’est lié. Ils ont commencé à se dédoubler et à être
très fragiles
>Les poils qui repoussent plus vite que ton ombre
Voilà je pense que j’ai fait le tour. Je rappelle le
but de cet article : informer pour que vous ayez toutes les clés en main pour
traverser cette période. Encore une fois chacun-e est différent-e. Je pense que j'ai subi certains désagréments cités plus haut parce que j'avais de base une faiblesse à ce niveau-là (mauvais sommeil, dépression, mauvaise circulation). J’avais par exemple peur de
l’acné, de la perte de libido, de la prise de poids, des migraines parce que c’était
des effets secondaires qui revenaient beaucoup lorsque je lisais des articles
sur le Décapaptyl. Et bien de ce côté là rien à signaler.
En règle général si je dois donner un conseil à quelqu'un qui a autant de d'effets secondaires que moi : prenez soin de vous, reposez vous, pensez à vous et à votre bien être. Vous allez être pénible pour les autres mais ça représentera jamais le quart de ce que vous allez ressentir.
En espérant avoir aidé quelques personnes avec ce
témoignage.
Parhélie
Je me rends compte que j'ai eu vraiment beaucoup de chance de n'avoir que très peu de symptômes avec le Decapeptyl.
RépondreSupprimerAu début, j'ai même trouvé ça franchement libérateur. Plus aucune douleur, le pied quoi. J'avais l'impression de revivre. Avant de ressentir les effets secondaires vers la fin des 3 mois (idem, Decapeptyl pris avant une opération) : essentiellement des bouffées de chaleur et les ongles pour ma part.
Je ne sais pas si le Decapeptyl a joué sur le moral, j'ai également une tendance dépressive, mais comme je traversais aussi une période difficile, je ne sais pas s'il y a un lien. Je m'en rends plus facilement compte sur des longues durées (je commence à me poser de sérieuses questions sur Jaydess par exemple).
J'en profite pour dire aux personnes qui pourraient lire ton billet de toujours se faire confiance à sujet et à ne pas laisser les médecins minimiser votre ressenti. On sait mieux que les autres si ce qu'on ressent est habituel ou non.
J'espère que ton opération à venir te soulagera durablement !
Et merci pour ton blog et ton compte Twitter :)