Le jour où un soignant a pris mon vagin pour son punching ball : récit de violence médicale


S’il y a bien un truc dont on parle quand on parle d’endométriose, c’est l’errance médicale. Et pour cause, il faut en moyenne 7 à 10 ans pour se faire diagnostiquer. Je vous laisse imaginer le nombre d’examens passés et de rendez-vous avec des médecins en tous genres effectués durant ce laps de temps.  Et qui dit "errance" dit "violence", de la part des proches, des collègues mais surtout des soignants.

Un médecin qui ne sait pas + la misogynie du monde médical = des examens mal pratiqués, des discours moralisateurs, des patientes méprisées

Je me suis dit qu’il fallait que je parle un peu de mon cas. Que j’évoque ici certaines violences verbales ou physiques subies dans le cadre de consultations. Je vais donc vous raconter trois épisodes marquant de mon errance médicale. Trois moments choisis qui ne sont pas bien évidemment pas les seuls mais qui sont ceux qui m’ont le plus touchée. Je vous raconte le premier ici : 

Février 2017. Je souffre depuis plusieurs semaines 24h/24 et 7j/7 au niveau de l’utérus. On ne sait pas ce que j’ai. Je semble laisser perplexe pas mal de médecins. Une généraliste me prescrit une échographie de la zone pelvienne, me soupçonnant d’avoir des kystes aux ovaires.

Le jour J, on me demande de venir vessie pleine c’est-à-dire qu’on te demande de boire 1 litre d’eau à peu près 1h30 avant ton exam
Ça commence mal : on me fait attendre 3h30 dans la salle d’attente. 3h30 vessie pleine c’est compliqué pour tout le monde mais j’aime autant de dire que quand en plus tu as mal, c’est un autre délire.
Finalement un médecin m’appelle. Le mec me dit sans s’excuser qu’il m’a oubliée et a laissé passer quatre personnes devant moi oh bah super !
Je rentre dans la pièce de l’examen. Il sort alors une immense sonde qu’il lubrifie pour pratiquer l’échographie. Il me dit pour unique phrase d’explication « vous êtes pas vierge au moins ? ». Je comprends alors que l'on va m’enfoncer quelque chose dans le vagin. Et oui, il s’agit d’une échographie endo vaginale c’est-à-dire qu’on t’enfonce une sorte de gode dans le vagin et on observe ton uterus et tes ovaires à travers les parois Sauf que moi, à l’époque, je ne sais pas que ça existe. Je ne connais que la classique échographie en externe. J’ai donc dû déduire tout ça en 30 secondes, grâce à cette merveilleuse phrase pleine de tact J’apprendrais d’ailleurs plus tard qu’il a dit cette même phrase à une autre patiente que je connais
Bref je m’allonge, il commence l’examen. Très vite il s’énerve : « vous avez la vessie trop pleine, je ne vois rien ». Je lui explique que oui, effectivement, il y a maintenant 5 heures, j’ai du boire une sacré quantité d’eau et que s'il n'avait pas fait passer quatre personnes devant moi, ça irait peut être mieux. Il continue « ça va pas ! Allez aux toilettes ! »
Je m’exécute Je vais pas vous mentir à ce moment-là je ne suis pas mécontente non plus qu’il me dise ça
Je reviens. L’examen recommence. Il est énervé, tourne la sonde violemment dans tous les sens Sonde qui est toujours dans mon vagin, je le rappelle
Effectivement monsieur ne trouve pas un de mes ovaires et il a manifestement envie que ce soit de ma faute. Il m’engueule. Cela dure plusieurs minutes. Il finit par toucher un point très sensible, me provoquant une douleur atroce. Je hurle et bondit. Il ne s’excuse pas, il continue de plus en plus énervé comme si mon cri de douleur n’existait pas. Il tourne encore la sonde dans tous les sens pendant de longues minutes. Il finit par me demander « Mais pourquoi je le trouve pas ? » Ecoute mon lapin c’est ton job, je vais pas le faire à ta place En vérité, je suis terrorisée par ce soignant qui me reproche son incompétence et effectue un acte hautement symbolique – m’introduire un objet dans le vagin - sans la moindre délicatesse, sans mesurer la violence physique et psychologique d’un tel acte médical, s’il est réalisé sans précaution. En vérité j’arrive à peine à articuler que j’ai déjà eu un examen pelvien et que non je ne suis pas née avec un seul ovaire.
Il réessaie, encore et encore et se plaint que je me crispe.  Il me dit qu’il ne trouve pas mon ovaire, que de toute façon il ne voit rien qui cloque.
Je suis estomaquée. Non seulement je me fais engueuler mais en plus on me renvoie chez moi sans avoir « trouvé » mon ovaire probablement parti en vacances ce jour là alors que je venais justement voir si je n’avais pas de kyste dessus.
On me renvoie dans une salle d’attente pour obtenir l’impression des résultats. Mon premier réflexe est d’appeler ma mère pour lui raconter tout ça en larmes.

Voilà je viens d’effectuer un examen qui aurait pu déceler mon endométriose.  Examen manifestement mal exécuté par un soignant énervé. Un examen qui servira d’argument aux dizaines de soignants vus par la suite pour me dire « Mais vous voyez bien que c’est pas gynécologique ce que vous avez, l’écho est négative »
Ce n’est que le début d’une longue série d’humiliations et de violences. Ce sera heureusement la seule qui sera physique.

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